lundi 12 mai 2014

En vue de ce qui vient




Dernières recommandations : Hébreux 12,14 – 13,25.


Hébreux 12, 14-17
14  Recherchez la paix avec tous, et la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur.
15  Veillez à ce que personne ne se prive de la grâce de Dieu; à ce qu’aucune racine d’amertume ne produise des rejetons et ne cause du trouble, et que plusieurs n’en soient infectés.
16  Veillez à ce que personne ne soit débauché ni profanateur comme Ésaü, qui pour un seul plat vendit son droit d’aînesse.
17  Vous savez que plus tard, quand il voulut hériter de la bénédiction, il fut rejeté, car il ne trouva pas moyen d’amener son père à changer d’avis, bien qu’il l’ait cherché avec larmes.


Ce n’est pas le moment de se décourager. L’auteur vient de le dire. Au contraire, sur la base de la promesse, sur la certitude la fidélité de Dieu, il faut se serrer les coudes et supporter les dernières épreuves du chemin de l’Exode vers le Royaume.

Parole appuyée par les références aux promesses messianiques des prophètes. Ici (ch. 12, v. 12-13) l’évocation d’Ésaïe est sensible : « le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. Des eaux jailliront dans le désert, des torrents dans la steppe. La terre brûlante se changera en lac, la région de la soif en sources jaillissantes. Dans le repaire où gîte le chacal, l’herbe deviendra roseau et papyrus. Là on construira une route qu’on appellera la voie sacrée » (És 35, 6-8a). Et de même : « Réconfortez, réconfortez mon peuple, dit votre Dieu, parlez au cœur de Jérusalem et proclamez à son adresse que sa corvée est remplie, que son châtiment est accompli, qu’elle a reçu de la main du SEIGNEUR deux fois le prix de toutes ses fautes. Une voix proclame: "Dans le désert dégagez un chemin pour le SEIGNEUR, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu. Que tout vallon soit relevé, que toute montagne et toute colline soient rabaissées, que l’éperon devienne une plaine et les mamelons, une trouée ! » (És 40, 1-4).

Autant de textes dont on sait la signification quant à la promesse du Royaume et de la paix. La dimension du Royaume est clairement collective : la paix bien sûr, et la sanctification, c’est-à-dire la consécration à Dieu de chacun, qui a valeur pour tous : « la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur ». Ici encore le peuple croyant est présenté comme l’avant-garde l’humanité en marche vers sa paix, vers son héritage.

La grâce, la faveur de Dieu, est le fondement de ce qui vient et qu’annonce la communauté par son comportement jusqu’au cœur de la persécution.

Seulement cet avenir, cette promesse, ne doivent pas être perdus de vue. Il s’agit donc de ne pas abandonner, ne pas abandonner l’héritage promis — comme l’avait fait Ésaü —, car il n’y a nul salut hors cela.


Hébreux 12, 18-24
18  Vous ne vous êtes pas approchés, en effet, d’une montagne qu’on pouvait toucher et qui était embrasée par le feu, ni de l’obscurité, ni des ténèbres, ni de la tempête,
19  ni du retentissement de la trompette, ni d’une clameur de paroles telle que ceux qui l’entendirent demandèrent qu’on ne leur adresse pas un mot de plus.
20  Car ils ne supportaient pas cette injonction: Même si une bête touche la montagne, elle sera lapidée.
21  Et le spectacle était si terrifiant que Moïse dit: Je suis épouvanté et tout tremblant.
22  Mais au contraire vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, des myriades d’anges;
23  de la réunion et de l’assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux; de Dieu, juge de tous; des esprits des justes parvenus à la perfection;
24  de Jésus, médiateur d’une nouvelle alliance; et du sang de l’aspersion qui parle mieux que celui d’Abel.


Comme le Tabernacle terrestre est l’image du Tabernacle céleste et éternel, la montagne du Sinaï est une réalité terrestre qui en signifie une autre, céleste et éternelle : la Sion spirituelle, celle de la Jérusalem céleste, cité du Dieu vivant.

La mise en parallèle du Sinaï et de Sion pour mettre en Lumière la distinction entre le fait terrestre et son fondement spirituel et éternel est en quelque sorte un classique, déjà utilisé par l’Épître de Paul aux Galates.

Cette distinction signifie ici à quel point le but, l’accomplissement de la promesse est en vue. La réalité éternelle promise depuis Abraham est à portée de main. Réalité céleste qui fonde jusqu’à la Révélation du Sinaï.

L’Épître rappelle alors la dimension redoutable et sainte de la Révélation du Sinaï, avec toute la pédagogie qui entoure l’exigence de respect de cette sainteté : les signes terrifiant, la proximité de la mort qui vaut jusque pour les bêtes. On a vu précédemment que le thème - figuratif - de la lapidation avait fonction pédagogique : dire la gravité et le sérieux de ce qui est vaut en théorie la sanction de la lapidation (qui, du fait de l’imperfection de la sainteté de quiconque, n’avait pas à être appliquée littéralement !).

L’auteur reprend cela pour dire le poids de ce qui s’approche, la réalité céleste, quand l’image de cette réalité, au Sinaï, a eu un tel poids.

La réalité éternelle, infiniment proche de nos êtres qu’elle fonde, est en effet à présent dévoilée comme telle par Jésus, médiateur de cette alliance éternelle, d’une justice plus significative encore que celle du juste assassiné, Abel. Ainsi, les portes de la Cité éternelle, certes redoutables, sont ouvertes toutefois, éternellement infiniment proches. Nos intelligences peuvent le savoir pleinement désormais.


Hébreux 12, 25-29
25  Prenez garde! ne repoussez pas celui qui vous parle. Car si ceux qui repoussèrent celui qui sur la terre les avertissait, n’ont pas échappé, à bien plus forte raison ne pourrons-nous échapper nous-mêmes, si nous nous détournons de celui qui, des cieux, nous avertit.
26  Sa voix ébranla alors la terre, et maintenant il nous a fait cette promesse: Une fois encore, je ferai trembler non seulement la terre, mais aussi le ciel.
27  Ces mots: Une fois encore montrent que les éléments ébranlés seront mis à l’écart, en tant que créés, afin que subsiste ce qui n’est pas ébranlé.
28  C’est pourquoi, puisque nous recevons un royaume inébranlable, ayons de la reconnaissance, en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte.
29  Car notre Dieu est aussi un feu dévorant.


Une réalité fragile, qui passe, la réalité créée, celle dans laquelle nous cheminons. Et une réalité éternelle, inébranlable, qui n’est pas de cette création, et qui procède de Dieu.

Voilà la dualité dans laquelle nous place l’Épître aux Hébreux, nous permettant à la fois de ne pas nous étonner des épreuves et des malheurs qui adviennent, fût-ce la destruction du cœur symbolique du monde, le Temple. Cela est inéluctable puisque relevant de ce qui passe. Cela est donc, de ce fait, perçu comme autant d’avertissements dont les menaces, comme celles d’un « feu dévorant », se réalisent. C’est la voix même de Dieu qui porte les avertissements prophétiques concernant un monde propre à être ébranlé, à trembler, de par sa nature-même — et cela jusqu’aux cieux créés.

Fragilité évidente des choses créées d’un côté, éternité inébranlable en laquelle nous sommes invités à placer notre confiance de l’autre — mais non pas comme en un arrière-monde de toutes sortes d’illusions souhaitées, mais comme en une réalité dont le point d’ancrage est au cœur de la fragilité même qui nous atteint et que le Christ a partagée.

L’humanité trouve le cœur de sa réalité non pas dans quelque évanescence éthérée, mais dans sa nature passagère-même qui en désigne la profondeur et la vérité où le Christ nous a rejoints. C’est de la que se célèbre le culte de Dieu qui lui est agréable.


Hébreux 13, 1-14
1  Que l’amour fraternel demeure.
2  N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges.
3  Souvenez-vous de ceux qui sont en prison, comme si vous étiez prisonniers avec eux, de ceux qui sont maltraités, puisque vous aussi, vous avez un corps.
4  Que le mariage soit honoré de tous et le lit conjugal sans souillure, car les débauchés et les adultères seront jugés par Dieu.
5  Que l’amour de l’argent n’inspire pas votre conduite; contentez-vous de ce que vous avez, car le Seigneur lui-même a dit: Non, je ne te lâcherai pas, je ne t’abandonnerai pas!
6  Si bien qu’en toute assurance nous pouvons dire: Le Seigneur est mon secours, je ne craindrai rien; que peut me faire un homme?
7  Souvenez-vous de vos dirigeants, qui vous ont annoncé la parole de Dieu; considérez comment leur vie s’est terminée et imitez leur foi.
8  Jésus Christ est le même, hier et aujourd’hui; il le sera pour l’éternité.
9  Ne vous laissez pas égarer par toutes sortes de doctrines étrangères. Car il est bon que le cœur soit fortifié par la grâce et non par des aliments, qui n’ont jamais profité à ceux qui en font une question d’observance.
10  Nous avons un autel dont les desservants de la tente n’ont pas le droit de tirer leur nourriture.
11  Car les corps des animaux, dont le grand prêtre porte le sang dans le sanctuaire pour l’expiation du péché, sont brûlés hors du camp.
12  C’est la raison pour laquelle Jésus, pour sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert en dehors de la porte.
13  Sortons donc à sa rencontre en dehors du camp, en portant son humiliation.
14  Car nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous sommes à la recherche de la cité future.


Les recommandations morales finales de l’Épître aux Hébreux s’inscrivent dans le cadre de la certitude qui la traverse : « nous n’avons pas ici-bas de cité permanente ».

En revanche, « Jésus Christ est le même, hier et aujourd’hui; il le sera pour l’éternité ».

Notre comportement s’établit à l’aune de ces deux certitudes. Hors du monde, en quelque sorte, puisque étant au fait de ce que nous sommes de passage, immigrants en ce monde. Cela fonde une éthique, en résonance à celle du premier immigrant de cette même foi, Abraham. D’emblée l’allusion est claire : « Que l’amour fraternel demeure. N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges ».

Abraham : fidélité de Dieu aussi, qui fonde nos fidélités, depuis la fidélité conjugale jusqu’à la fidélité à Dieu en passant par les égards envers ses porte-paroles.

Statut passager qui vaut persécution aussi, avec nécessaire solidarité avec les emprisonnés. Statut passager qui veut défiance envers les valeurs passagères, depuis les idoles religieuses, jusqu’à l’idole monétaire, l’argent.

C’est cela aussi être en route vers la rencontre du Christ, « en dehors du camp, en portant son humiliation », « à la recherche de la cité future ».


Hébreux 13, 15-25
15  Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom.
16  N’oubliez pas la bienfaisance et l’entraide communautaire, car ce sont de tels sacrifices qui plaisent à Dieu.
17  Obéissez à vos dirigeants et soyez-leur dociles; car ils veillent personnellement sur vos âmes, puisqu’ils en rendront compte. Ainsi pourront-ils le faire avec joie et non en gémissant, ce qui ne tournerait pas à votre avantage.
18  Priez pour nous, car nous avons la conviction d’avoir une conscience pure avec la volonté de bien nous conduire en toute occasion.
19  Faites-le, je vous le demande instamment, afin que je vous sois plus vite rendu.
20  Que le Dieu de la paix qui a fait remonter d’entre les morts, par le sang d’une alliance éternelle, le grand pasteur des brebis, notre Seigneur Jésus,
21  vous rende aptes à tout ce qui est bien pour faire sa volonté; qu’il réalise en nous ce qui lui est agréable, par Jésus Christ, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen!
22  Frères, je vous engage à supporter ce sermon! D’ailleurs, je ne vous envoie que quelques mots.
23  Apprenez que notre frère Timothée a été libéré. S’il vient assez vite, j’irai vous voir avec lui.
24  Saluez tous vos dirigeants et tous les saints. Ceux d’Italie vous saluent.
25  La grâce soit avec vous tous!


Le Temple détruit, que l’on se console, par le Christ crucifié, sacrifié, le sacrifice à Dieu devient « le fruit de lèvres qui confessent son nom ».

Un non qui se « confesse » aussi, autre forme de « sacrifice », par les actes de solidarité.

Solidarité aussi avec ceux qui accomplissent d’autres tâches, à commencer par les dirigeants ; à soutenir plutôt qu’à dénigrer ! — ce qui d’ailleurs tournerait au tort de chacun !

Solidarité aussi dans la prière.

La bénédiction finale donne explicitement la parole de la résurrection du Christ, sous-jacente dans toute l’Épître dans la conviction de sa préexistence. En lui est fondé ce qui se réalise au nom de Dieu, en lui est fondé tout avenir. Après la mention la communauté d’où écrit l’auteur, en Italie, ultime parole de confiance en guise de dernière salutation : « La grâce soit avec vous tous ! »


RP
Une lecture de l’Épître aux Hébreux

Étude biblique 2013-2014
Église protestante unie de France / Poitiers
Chaque 2e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 2e mardi à 20 h 30
8) Mardi 13 & jeudi 15 mai 2014 | VII. La charité : 12,14 – 13,21. | Billet d'envoi : 13,22-25. (PDF).


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